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Peinture

La peinture a toujours été dans ma vie, je crois. Mon père peignait comme on va acheter une baguette ou préparer un repas : un rituel du quotidien, qui rassure et qui cadre nos jours. J’ai suivi cette trace simple et évidente, empreinte de bonheur.  Le mercredi après-midi, je prenais le bus pour aller à un cours de peinture. On y dessinait des vases et des humains. J’avais 14 ans, j’étais la plus jeune. J’étais bien dans cet atelier : un œuf, clos et rassurant.
Et la vie s’est ainsi déroulée, dans l’évidence de l’image et la magie de la lumière. A défaut de palper l’onde des vitraux (je voulais être maitre verrier à 15 ans), j’ai poursuivi ma quête dans les bains de révélateur, la connaissance de la fonte d’art et la lenteur des crayons de couleurs.
Couleurs.
Je ne pourrais imaginer ma vie sans la vibrance d’une orange, la profondeur douce de la mer céladon ou la fraicheur de l’herbe dans le petit printemps. Paradoxalement, je fais partie des personnes aphantasiques : je n’ai pas de mémoire visuelle, je ne vois pas d’images, j’ai juste une perception émotionnelle et sensible des choses, des êtres qui m’entourent. Je suis dans l’incapacité de dessiner en complexité, je chemine donc avec simplicité pour essayer de transmettre douceur, tendresse et émotion. Sans prétention, je caresse la joue d’un enfant de voile rose, la lune dans sa royale rousseur, le pelage blanc d’un renard au cœur de la nuit.

Retirer mes chaussures, marcher avec respect dans le lit de la vie. Voila qui remplit mes jours.

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